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Publication Spéciale 002 - Mai 2019

  • Cette main

    Cette main

    Elle prit la main de son mari, qui venait tout juste de trouver sommeil. Dans le creux de celle-ci, elle y lut les traces de leurs existences. Cette main bienveillante qui avait travaillé maintes heures supplémentaires à l’usine, cette même main qui avait essuyé ses pleurs de si nombreuse fois, dans la pénombre de leur cuisine. Cette main qui ne s’était jamais levée contre elle, qui au contraire lui apporta chaque jour le peu qu’elle avait. Elle versa une larme, en lui serrant sa vieille main, et se rappela leurs bons jours. Il n’était pas le plus habile de ses dix doigts, même qu’il avait les mains pleines de pouces, mais de ses deux mains il lui avait construit un foyer. Cette main en disait long sur leurs passés, et sa froideur sur leurs lendemains. Elle savait que dorénavant elle ne tiendrait plus cette main, lors de ces promenades dans

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  • Corps à corps

    Corps à corps

    Toi, ton oreille,  son lobe, entre pouce et index que tu frottes. Geste cent fois répété, ton geste. Je te regarde, désir ardent de prairies, faim de fougères. je suis herbe folle entre tes doigts, pétrie de ta tendresse.  Je te regarde je regarde tes mains,  mains frôleuses, folâtres, furieuses, mains longues aux doigts prédateurs Au bout, les ongles  visages glabres des morts offerts aux regards lunules, lunes pâles, ébréchures de sarcophage. Les cuticules me bouleversent je les arrache de mes dents de louve.   Toi, ta bouche Ta bouche qui me sourit d’un sourire d’étang  qui fait ployer ma nuque. Toi, ton rire de torrent en cascade joyeuse. Tes dents insolentes, paradent dans la grenade éclatée. Toi, ta bouche  que j’effarouche de mes lèvres rapaces. Toi, ta gueule charbonnée de jurons et tes lèvres fardées de hardiesse qui déposent sur les miennes le baiser du colibri. Toi, ta bouche,

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  • L’ivoire et la crevette

    L’ivoire et la crevette

    Il avait fallu le prendre tout entier, L’embrasser pour le démystifier, Cela avait été son remède, contre cette peur ancrée de la vie. « Tu es trop jeune pour souffrir ainsi ». La voix était celle d'une femme Haoussa aux allures de transsexuelle, qui parlait comme on dit un secret, Dans l'obscurité de sa demeure, qui en plein après-midi cachait des yeux indiscrets.  L’âme enfant l'avait aimée pour le timbre grave de sa voix, son teint sombre, sa constance et sa connaissance des sciences occultes. La grande femme voilée fascinait l'enfant qui le dimanche n'allait plus au culte, C'était absurde et une fois que cette vérité simple avait été énoncée, Le corps sut naturellement se redresser.  L’adage: il n’y a rien, c'est l'homme qui a peur, Aurait pu être l'incantation contre tous ses moments de terreur. Mais elle n'en saisissait pas encore le sens, L'échine relevée elle poursuivait son errance.  Le temps

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  • Lettre à l’amante

    Lettre à l’amante

    Surgissant de l’océan Après un virage étourdissant Dans la pénombre je t’ai découverte Ma déesse lascive et offerte   Je te jetais des regards furtifs Et de tes charmes j’étais déjà captif Pas farouche tu te dévoilais En d’incandescents reflets tu brillais   Tu t’es immédiatement montrée Tantôt fuyante et exaltée Tantôt charmeuse et discrète D’une coquetterie parfaite   Dans tes replis, tes interstices Je me glissais avec malice Attentif au moindre de tes soupirs Mon corps tremblait de désir   Depuis le phare des Mamelles Ton cœur était irréel Au loin j’entendais tes pulsations Nos battements à l’unisson   Caché par une brume immatérielle Je devinais tes courbes sensuelles Dans la mer ton corps devint île Sur tes côtes des grains de sable graciles   À contrecœur j’ai dû lâcher ta main Me détacher de tes reins Me soustraire à ta poésie Et plonger dans le noir de l’oubli

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  • Mangeur de cœur

    Mangeur de cœur

    Je cueille des cœurs dans le jardin Rangés dans le panier, ils attendent pour être mangés Cuits au four, la chaleur conservée Qui court dans les cœurs, avant d’être digérée   On m’appelle le Cardiophage   Je fais jaillir le jus des cœurs crus Ça éclabousse, ça fait des étoiles rouges sur les draps défaits J’ai les clés qui ouvrent le coffre et casse la cachette J’écris à l’encre rouge qui coule De mes lèvres, fraîches, un sourire candide   « S’il-te-plaît, Cardiophage, raconte-moi une histoire. »   Comme dans les contes : il était une fois, quelqu’un, qui mangeait les cœurs Parce que le sien était perdu Et qu’il fallait le remplacer.     Je compte les battements à l’envers qui reculent vers la fin Un ventricule, la tête en bas, qui pulse Pour que tout le monde soit arrosé Un cœur qu’on croque, ça craque, des crocs Végétarien dans l’âme et

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  • Pieds

    Pieds

    Enfouis dans le sable ses pieds se retirent. Fuient, fouillent et creusent. Se replient devant la vague d’émotions interdites soulevée par la question.    « Gars, c’est comment ? »   Enfouis dans le sable ses pieds refusent D’entendre la question, d’entendre la réponse. Quelle réponse même ?   Ces pieds larges et costauds Dont la peau noire dessus et la peau blanche dessous Tracent une ligne sinueuse, une frontière sur une carte indicible. Dessus la marque de morsure d’un serpent qui manqua causer la fin de ses pas. Dessous les brûlures, écorchures, blessures de cette marche infernale  A travers les jours et les larmes, du Sud vers le Nord. Infernale. Du giron rassurant, du giron étouffant de son pays ventre Aux engelures anguleuses d’une table métallique et des pieds de ses chaises Au fond d’un taudis frigorifique. Encore y a-t-il une table… Du Sud vers le Nord, les étapes, les rackets, les bagarres, La

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  • Prisonnier d'incertitude

    Prisonnier d'incertitude

    Il avait le visage renfrogné Et l’âme morose dans un corps Qui se mourait graduellement ; Un bourru au cœur d’or ! En lui il y avait un immense et réel vide Dans ses mains une douleur profonde et un monde insipide Mais jamais il ne jettera le manche après la cognée ; Un de ces jours il ira honteusement   Son désir de partir Etait solide, large, aussi colossal Que cette triste lyre Qui pleure notre misère abyssale Son désir de partir Etait solide, aussi gigantesque Que les tortures d’un martyr Dans un monde de misère titanesque   Trois ans d’atermoiements  De peur et de tourments Trois ans qu’il a l’âme plongée dans un monde inconnu Trois ans qu’il a le cœur submergé dans un idéalisme perclus  Qu’il impose à son corps un autre paradis Qu’il veut tenter une expérience hardie    Attiré par un autre soleil  Il était déterminé Si déterminé

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  • Quand le corps a dit

    Quand le corps a dit

    Il a dit « Prépare-toi » mais je n’ai pas écouté. Je croyais tout savoir de ce qu’on fait subir les corps délités, fondus, troués, blanchis ou presque jaunes tâchés marqués, reliés de plastique mou de tissus légers et qui glissent ouverture derrière devant. Je savais déjà tout de l’absence de bruits d’odeurs mais où passent fantômes gris rappels du vivant, parfois l’odeur de soupe de selle le bruit insistant d’une alarme d’une conversation étouffée « ça va ça va je te rappelle plus tard on ne sait pas il faut attendre. » Je savais déjà tout mais du regard qu’on croyait connaitre enfermé dans un corps étranger et qui lâche, de ces yeux agrandis par le vide des joues par l’appel silencieux, qui vouloir parler qui dire en peu de mots en peu de temps et c’est déjà trop tard dis, et tu le sais déjà, qui porter parole de ce corps inutile

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  • Regard non daté

    Regard non daté

    L'empreinte invisible de ta main dans la mienne, de ta main prenant la mienne. Ton empreinte contre la mienne, preuve d'identités partagées quelques soirs par semaine. Le bout de ton doigt frôlant le mien, l'attrapant, les autres suivent. L'empreinte invisible de ta main dans la mienne. Douce et chaleureuse, contre ma moiteur hésitante. Je sens encore ton geste amoureux me dire que tout ira bien si j'ouvre les phalanges. 

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  • Ton corps m'appelle

    Ton corps m'appelle

    Je l’imagine dans le soir Ondulant dans les ondes illusoires  De ce beau manoir Où on s’est connu un soir   J’imagine ta peau douce Se mêlant à la mienne Dans les spasmes obsidiennes Qui de ma substance me détroussent   Les montagnes et vallées de ton corps Se confondent aux plaines de mon doux décor Dans un vibrant corps à corps   Mes mains se posent sur ton sein Et une décharge tétanise mon membre Qui se brusquement se transforme en essaim Prêt à te prendre, à te pourfendre   Ton corps m’appelle… Lentement je m’approche… Subrepticement tu t’accroches… Dans une étreinte longue et folle Nos corps lascifs dégringolent   On se perd, on s’égare De nos yeux perclus et hagards De nos ébats fous et sauvages Des sensations inconnues se dégagent   Alors en toi je m’engage Et rien ne te dérange Je monte…monte….monte Tu ne te démontes…démontes…démontes

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