Dans sa chambre d’enfant, Taddeo passait des heures à regarder le clocher qui saillait d’une trouée d’arbres par sa fenêtre, légèrement décalé vers la droite par rapport au centre des croisillons. Il croyait que ce clocher avait été placé exactement à cet endroit, uniquement pour lui, tout exprès pour que l’attente jusqu’à ce que son frère et sa sœur se réveillent soit agréable et divertissante. Il ne se lassait pas, matin après matin, de détailler les changements subtils de couleurs dans les tuiles, les mouvements légers ou brusques de la girouette, les ombres créant…
Lire plusÀ toi, Mamie Félicité Antoinette Marie-Claire Fidèle Et me revoilà, Grand Solitaire ! Assis sur ma chaise à bascule, Un verre de rhum à la main… Le ciel est sombre, Il dégouline de tristesse Et moi, à la fenêtre, Je les envie, ces gouttelettes d’eau Qui glissent entre elles, tels des skieurs Pour retrouver leur âme sœur. L’Humain écrit beaucoup malgré qu’il en sache très peu. La mort, la vie… l’amour. Je rabattis la page de couverture du vieux roman et l’écartai d’un geste las de la main hors de…
Lire plusD'aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été la plus petite et la plus faible. À la maison, à l'école — partout. Il n'y a rien de surprenant dans ce fait, puisque dans notre fratrie de cinq enfants, je suis la plus jeune. De plus, j'ai toujours été moins grande que la plupart des gamins de mon âge. En apprenant que son cinquième bébé était une fille, mon père n'a rien dit, mais une grimace a traversé son visage. Faute d'autre choix, il a accepté ma venue au monde sans exiger de ma mère de laisser…
Lire plusIl a le visage pointu et les yeux ronds, mais seulement à moitié, de sorte qu’il a toujours l’air de sourire, qu’il a toujours l’air de ne pas être trop malheureux, quand bien même il se plaindrait. Il a un visage pointu, et, avec ou sans les yeux qui illuminent le tout, il a l’air de n’être qu’un enfant. Dans sa voix qui rit sans qu’il n’y puisse rien, dans ses gestes qui ne connaissent rien de l’assurance et de la rhétorique des corps, dans ses jeans lâches et ses pulls qui ne peluchent pas, avec leur ribambelle de motifs…
Lire plusC’est LE grand jour. Charlotte se regarde dans le miroir, émerveillée mais dubitative. Elle ne se détaille pas de suite. Elle se voit d’abord comme un tout, une sorte de cadeau précieux emballé dans le plus beau des papiers. Elle se tapote les avant-bras et touche ses joues pour être sûre que le reflet qu’elle observe est bien le sien. Elle sent que c’est elle physiquement ; ça la rassure. Elle reconnaît aussi les traits de son visage. Tout est là… mais différent : son nez retroussé lui paraît plus harmonieux, ses tâches de…
Lire plusUne musique d’un jour Amour Sans cesse ce mot-là à la bouche. Ce mot de forme ronde, si facile sous la plume. Attendrissant la langue, cautérisant la plaie. Une pommade. Un bonbon d’enfant, mais qui ne fond pas. Et tes phrases pour le dire, semblables à des corps ou des peaux avec leurs habits du dimanche. Leurs parfums, leurs chapeaux, leurs colliers et leurs bagues. Rythme et musique clinquante des faux bijoux sur des corps ou des peaux. Leurs parfums, leurs chapeaux, leurs colliers et leurs bagues … Le miroir de Galadriel « Le fracas de la mer se calma…
Lire plusL'écureuil et le lion L'écureuil furetait ses noix au pied de l'arbre, Les écrémait, triait, les rassemblait chacune, Et en oubliait de lever ses billes brunes, Vers la lune s'étonnant de ces ronds corps glabres, Qui avaient apparemment plus de valeur qu'elle. Écureuil vit un jour ce beau lion baillant, Qui d'un rai de soleil jouissait sur le flanc, S'ôtant des crocs les filaments d'une gazelle ''Que fais-tu écureuil, à ainsi t'épuiser?'' ''Et bien, dit - il sans le mirer, j'amasse noix, Pour demain, surlendemain et l'hiver sournois.'' Lion tira tôt de sa…
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