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Publication Spéciale 001 - Février 2019

  • Cette nuit-là, et autre bribe de vie

    Cette nuit-là, et autre bribe de vie

              Cette nuit-là… Et si, cette nuit-là, je n’avais pas brusquement, mais sans préméditation, sans y avoir réfléchi, tout à coup fait volte-face ? Et si, cette nuit-là, je n’avais pas subitement réalisé qu’au fond de moi, tout au fond de moi, je n’avais plus d’espoir, et depuis longtemps ? Et si, cette nuit-là, meurtrie, trahie, blessée, je n’avais pas décidé de m’enfuir le plus loin possible, sans me retourner, à en perdre toute notion du temps, du lieu, des promesses faites des années auparavant, de la réalité implacable du moment ? Et si, cette nuit-là, errant comme un zombie sur les routes de la région, vitres baissées pour mieux respirer, cigarettes grillées nerveusement les unes après les autres, dans la douceur trompeuse de la nuit désespérante, j’avais soudainement lâché le volant de ma petite voiture, venant de lâcher celui de ma vie si bien rangée, en apparences… ? Et

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  • Karma is a bitch, et autre bribe de vie

    Karma is a bitch, et autre bribe de vie

                        Karma is a bitch ! Pourquoi ne m’as-tu pas respectée ? A chaque cigarette je souffrais dans ton ventre. Je ne pouvais pas te le dire. Quelle impuissance ! A présent adulte, je peux m’exprimer. Il est prouvé que le monoxyde de carbone venant de la fumée de la cigarette est capable de traverser la barrière placentaire et d'affecter l'alimentation en oxygène du foetus dans l'utérus. En étais-tu consciente ? A chaque cigarette tu m’intoxiquais. Tu t’intoxiquais. Ne parlons pas de la fumée passive. Adolescente je t’entendais te vanter que le fait de fumer permettait de s’assurer que les bébés étaient plus petits à la naissance. Donc l’accouchement était moins douloureux. Pour qui ? Toi ? Ou moi ? Cela voulait dire aussi que j’avais un poids plus faible. Je te pardonne. Je regrette que tu ne sois plus là. Je comprends qu’être maman une fois n’est

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  • Péché mortel, et autre bribe de vie

    Péché mortel, et autre bribe de vie

      Péché mortel Le plancher craque et sent bon, chaque vendredi, et à tour de rôle, nous cirons avec ardeur les lames de ce beau parquet couleur miel. Les tâches sont distribuées chaque semaine, monter le charbon pour alimenter le fourneau, faire briller les pupitres, ramasser les feuilles mortes et surtout ratisser le sable dans la cour en prenant soin de faire de beaux motifs. Mais la tâche réservée à quelques élues, aux élèves particulièrement méritantes, c’est le remplissage des encriers, c’est un travail délicat et l’odeur de l’encre nous fait légèrement tourner la tête. Le matin tout comme l’après-midi, la classe commence invariablement par les prières, un « Notre Père » et dix « Je vous salue Marie ». Nous fermons les yeux et récitons les prières consciencieusement, mécaniquement comme hypnotisées par cette litanie. Au mois de mai, nous arrivons beaucoup plus tôt à l’école pour assister à la première messe du matin en

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  • Il faut savoir, et autre bribe de vie

    Il faut savoir, et autre bribe de vie

         Il faut savoir Tu es arrivé à Vevey, petit enfant de sept ans débarquant de ton village suisse-allemand sans connaître un mot de français et voilà qu’à l’école on te traita de sale boche. 14-18 n’avait pas encore eu lieu mais déjà cette barrière dans l’esprit des peuples. Du jour au lendemain tu décidas de perdre cet accent maudit pour te fondre dans la masse. Quelle volonté ! Adulte, tu déménageas à Prilly avec ton épouse, toi si grand et mince pour elle, femme sévère et costaude. Tu achetas une ferme à ce qu’on appelle aujourd’hui la vallée de la jeunesse et où ne subsiste aujourd’hui plus aucune maison. J’ai retrouvé une vieille photo de La Verniaz comme tu l’avais baptisée, tu poses devant la façade, ta femme faisant un signe de la fenêtre ouverte du second. Tu aimais la terre et laitier fut ton métier. Avec ta charrette

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  • Le ciré, et autre bribe de vie

    Le ciré, et autre bribe de vie

                          Le ciré A la montagne, il fait froid, très froid même ! Vous êtes transpercé dès que vous mettez le nez dehors. Cette année-là, le ciré est arrivé : jaune, raide, avec des fermetures métalliques dignes de souliers de ski. Et pas doublé, rien, pas la moindre épaisseur pour lui – et nous – donner de la chaleur. Mais qu’est-ce que j’ai pu grelotter là-dedans durant mon long chemin pour aller et revenir de l’école ! Je ne parle même pas des récréations pendant lesquelles je ne pouvais pas bouger, toute coincée dans ce ciré de malheur. Son unique mérite était son imperméabilité – ma foi – absolue. Aujourd’hui il fait un retour en force avec les autres jupes en cuir, pattes d’éph’ et sabots de mon enfance. C’est plus fort que moi, rien que d’en voir un me donne encore la chair de poule.  

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  • Plénitude, et autre bribe de vie

    Plénitude, et autre bribe de vie

              Plénitude Je rêve et une bulle s’échappe au-dessus de ma tête. Elle part rejoindre mille autres bulles dans l’espace, témoins de tous les possibles, virevolte avec les autres Je rêve et laisse les images venir à moi, sans savoir d’où elles viennent ni où elles vont, comme les gouttelettes d’une cascade qui chantent sur la montagne Je rêve et mon cœur s’agrandit. Il se gonfle comme un ballon, flotte dans le vent, se laisse porter par la grandeur de l’infini Je rêve et mes mains courent sur le papier. Le temps s’étire et ralentit au rythme des mots qui se regroupent, se retrouvent, se pelotonnent les uns contre les autres et s’harmonisent Je rêve et je suis. Tout est paisible, tranquille en moi, autour de moi. Je rêve et je sais, sans le savoir, que chacune de ces bulles est porteuse d’énergie et d’amour. Je

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