Il a dit « Prépare-toi »
mais je n’ai pas écouté.
Je croyais tout savoir
de ce qu’on fait subir
les corps délités, fondus, troués,
blanchis ou presque jaunes
tâchés marqués,
reliés de plastique mou
de tissus légers et qui glissent
ouverture derrière devant.
Je savais déjà tout
de l’absence de bruits
d’odeurs
mais où passent fantômes gris
rappels du vivant,
parfois l’odeur de soupe
de selle
le bruit insistant d’une alarme
d’une conversation étouffée
« ça va ça va je te rappelle plus tard on ne sait pas il faut attendre. »
Je savais déjà tout mais du regard qu’on croyait connaitre
enfermé dans un corps étranger
et qui lâche,
de ces yeux agrandis par le vide des joues
par l’appel silencieux,
qui vouloir parler
qui dire en peu de mots en peu de temps
et c’est déjà trop tard dis,
et tu le sais déjà,
qui porter parole de ce corps inutile presqu’inutilisable,
qui hurler la souffrance la peur les regrets
sans doute
et l’envie de vivre malgré tout,
le regard et la main qui se serre
comme on n’avait jamais osé serrer,
au seuil de la mort attraper ce qui reste
une touffe de vie
en équilibre au-dessus
du vide.