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Il avait fallu le prendre tout entier,

L’embrasser pour le démystifier,

Cela avait été son remède, contre cette peur ancrée de la vie.

« Tu es trop jeune pour souffrir ainsi ».

La voix était celle d'une femme Haoussa aux allures de transsexuelle, qui parlait comme on dit un secret,

Dans l'obscurité de sa demeure, qui en plein après-midi cachait des yeux indiscrets. 

L’âme enfant l'avait aimée pour le timbre grave de sa voix, son teint sombre, sa constance et sa connaissance des sciences occultes.

La grande femme voilée fascinait l'enfant qui le dimanche n'allait plus au culte,

C'était absurde et une fois que cette vérité simple avait été énoncée,

Le corps sut naturellement se redresser. 

L’adage: il n’y a rien, c'est l'homme qui a peur,

Aurait pu être l'incantation contre tous ses moments de terreur.

Mais elle n'en saisissait pas encore le sens,

L'échine relevée elle poursuivait son errance. 

Le temps passa, le mystique vint alors à contaminer toute la vie, 

La peur du noir et des jujus se transforma en hystérie. 

Le verdict ne venait plus des cauris mais de Paris et de l'ethnopsy le faux ami. 

L'âme effrayée désespérait : je sombre.

Elle restait pétrifiée et voûtée dans la nuit peuplée de créatures fantasmagoriques et tangibles

Le faux ami nomma cela auto-initiation, 

Il intima à ceux de son sang de passer à l'action. 

Elle tendait les mains au ciel en pleurant vers celle qui manquait à sa nature,

Elle regrettait la grâce de l’Aglaé et observait terrifiée son corps immonde de "souillure". 

L'enfant spéciale et sa nouvelle folie tourmentaient le cœur de ceux qui l'aimaient. 

Le père contrit l'amena à l’eau, au milieu des montagnes, afin que les ancêtres témoignent qu'ils l'aimaient.  

La lumière, la végétation, les volcans, les orbes dans le ciel et dans l'eau douce clamèrent en chœur,

Qu'ils aimaient l'enfant autant qu'elle-même les aimait dans son cœur. 

Heureuse, elle renonça à la malédiction pour ouvrir le théâtre de l'auto-diabolisation.

Dans le creux du corps dévitalisé résonnait des prières chantées à l'âme qui parfois le désertait, elle était restée une enfant depuis trop longtemps. 

On l'exhortait, aime la femme que tu es devenue maintenant. 

Sortie de la pénombre remplie d'un amour ineffable, elle découvrait la nouvelle Eve qu'elle avait accouchée. 

Le regard chrétien circonspect disait toujours : ils sont légion, cette femme est damnée.

C'est que même si la peur avait fini par céder,

Le corps parlait toujours un langage du possédé. 

Cette enveloppe expressive et incontrôlable ne finissait pas de l’horrifier, 

Elle comptait toutes ses violations, ses expérimentations et se répandait en lamentation, mortifiée. 

Pendant ce temps le secret des noms-totems attendait patiemment de rejaillir à sa mémoire.

Un éléphant ne tuerait pas un éléphant pour l'ivoire,

De même une crevette d'eau douce ne devrait pas manger de crevette,

Il était temps qu'elle l'admette. 

Elle le savait depuis de nombreuses années,

C'était la voix de la femme voilée venue de l'au-delà qui le lui avait murmuré.

Elle observait désormais le monde et son corps sans être atterrée.

Elle mit enfin un nom sur les brûlures, sur la sensation du vent qui traverse la chair comme la farine du foufou à travers un tamis.

Hypersenbilité, ni maladie, ni sorcellerie, ni démonerie. 

 Elle chérissait cette délivrance de son esprit telle une grande conquête.

De son corps elle disait désormais qu’il n’était pas que frêle ou svelte, mais les deux, comme la coexistence en elle, de l'ivoire et de la crevette.