Patricia Bwemba est une chanteuse d'origine camerounaise. Elle est née en Nkongsamba dans la région du Moungo. C'est son jeune oncle maternel de 10 ans son aîné, amoureux des mots et grand séducteur qui lui donne envie d'écrire ses premiers poèmes, ses premières chansons. Son père, jeune lui aussi, lui rapporte de ses voyages, des livres, des BD aux thématiques parfois surprenantes pour une enfant. Elle lit des sagas sur l'esclavage ou encore les tirailleurs sénégalais sans que cela n’ait encore un sens dans sa vie petite existence. Sur le passeport de son père, elle se souvient avoir lu une précision indiquant qu’il n’était pas autorisé à rentrer en Afrique du Sud. Face à son étonnement, il lui avait alors appris que ce pays vivait sous l’apartheid. Elle entendit ce jour sans comprendre qu’il y avait des endroits sur la terre où il était très difficile d’être noir. 

Son enfance et son adolescence se déroulent entre sa région de naissance et celle du littoral où vit une grande partie de sa famille. La vie à  Deïdo devant le fleuve Wouri et en Nkongsamba non loin du mont Nlonako (dont l’écho amplifiait le chant de muezzin, la persuadant que Dieu, du moins celui des musulmans vivait sur cette montagne), a marqué sa façon d'être camerounaise, son imaginaire mais aussi sa spiritualité. Dans son poème L'ivoire et la crevette, l'empreinte de ces éléments naturels importants pour elle et le peuple Sawa dont elle est originaire est forte. En effet c'est au milieu des volcans du Moungo que le père "contrit" convoque les ancêtres pour leur demander si l'enfant qui souffre dans son corps est quand même aimée. Elle présente un personnage fragile en apparence qui dans sa sensibilité va apprendre à apprivoiser son corps pour se découvrir.