Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Toi, ton oreille, 

son lobe, entre pouce et index que tu frottes.

Geste cent fois répété, ton geste.

Je te regarde,

désir ardent de prairies, faim de fougères.

je suis herbe folle entre tes doigts, pétrie de ta tendresse. 

Je te regarde

je regarde tes mains, 

mains frôleuses, folâtres, furieuses,

mains longues aux doigts prédateurs

Au bout, les ongles 

visages glabres des morts offerts aux regards

lunules, lunes pâles, ébréchures de sarcophage.

Les cuticules me bouleversent

je les arrache de mes dents de louve.

 

Toi, ta bouche

Ta bouche qui me sourit d’un sourire d’étang 

qui fait ployer ma nuque.

Toi, ton rire de torrent en cascade joyeuse.

Tes dents insolentes,

paradent dans la grenade éclatée.

Toi, ta bouche 

que j’effarouche de mes lèvres rapaces.

Toi, ta gueule

charbonnée de jurons

et tes lèvres fardées de hardiesse

qui déposent sur les miennes le baiser du colibri.

Toi, ta bouche,

chenal d’eau vive qui déverse entre mes seins 

des truites arc en ciel.

 

Toi, tes bras, 

Toi, en bras de chemise et tes lièvres roux aux aguets.

Rousseurs de taillis, livrée d’écureuil,

j’ai faim de forêts offensées et de feuilles froissées.

Suspendue, pendue à ton bras 

je compte à rebours sur le sablier de ta peau

les éphélides qui s’effarouchent de l’éphémère bonheur.

Suspendue à ton bras,

je glapie, pépie, supplie.

Garde-moi sur ta branche d’orme, de châtaignier, 

je suis l’oiseau, mes pattes agrippent ta peau

je serre, tu saignes, ta sève.