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Tel un marin au long cours, Monsieur Boisliveau nous emmène en haute mer.
 
Certains lecteurs se laisseront probablement bercer par la mélodie de « Déprime à bord », induite par des rimes alternées et l’emploi d’un riche vocabulaire, faisant principalement référence à l’univers maritime. L’auteur l’utilise de manière très subtile et le parsème de petites touches colorées, bleutées parfois, conférant ainsi un tableau visuel fort agréable à regarder. De surcroît, sa description des éléments naturels nous permet de ressentir le souffle de la mer. Les passagers peuvent alors admirer le coucher du soleil tout en laissant la brise du soir leur effleurer la joue.
 
En outre, la composition de 10 à 12 pieds de la plupart des vers confère une cetaine fluidité au poème, souhaitable à toute croisière. Pour peu on entendrait le chant des sirènes.
 
S’il y a ceux qui écoutent les mots, d’autres entendront les maux. L’un n’excluant évidemment pas l’autre.
 
En effet, certains seront sensibles à la beauté du langage, d’autres se sentiront probablement pris aux tripes par les maux cachés entre deux vagues, de plus en plus hautes au fil du temps. En effet, dans bien des vers, différentes interprétations sont possibles, de par le jeu très habile avec les métaphores où aucun mot n’est laissé à la dérive. L’auteur puise ainsi dans le lexique marin des termes pouvant également être utilisés dans le domaine de l’alcool et les excès y relatifs. Personnellement, je tange encore.
 
Libre à chacun d’aller pêcher le message lui convenant, dissimulé à l’intérieur de la bouteille jetée à la mer par Monsieur Boisliveau.
 
Je ne saurai conclure sans vous révéler mon jeux de mots préféré (bien qu’il me semble que l’intention de l’auteur n’était nullement ludique) : « A l’encre du coeur, dardé de sabords ».
 
Pour moi, l’une des subtilités réside dans le fait que « l’encre » est utilisée pour écrire, comme dans ce magnifique poème, tandis que son homonyme « l’ancre » sert à amarrer un bateau. Union parfaite entre écriture et univers marin ! En outre, si la mer m’avait semblée être calme dans la première césure, je l’ai sentie devenir houleuse dans la seconde, de par l’allusion au combat.
 
Entre mots et mer ou entre maux et mer. Chaque passager choisira le voyage lui convenant.
Il ne me reste plus qu’à souhaiter des vents favorables à Monsieur Boisliveau pour ces futures croisières littéraires.
 
 
 
 
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Lire "Déprime à bord", le poème de Thomas Boisliveau ici