Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Vous n’entend(r)ez pas le lac chanter

 

 

Je vais partir

– un jour t comme le temps

ou un autre semblable à une silhouette d’étoile,

qui traverse le voile de la nuit –

emporté par le trait, épais, d’une corde peut-être

qui cerne les édifices de souffle et de sang,

qui chante avec le lac fait de ruisseaux à dent,

si calme pourtant, sur sa lumineuse surface,

qui accueille sur ses sables captivants.

Il y a des roseaux à la pensée de montagne

qui veillent sur les étoiles,

que ces dernières ne filent à leur perte ;

et des escargots minuscules à leurs pieds

qui s'écroulent dans le secret,

victimes de l’humidité alentours,

ou de trop de silence pour le cœur.

Je m'en irai, comme un fleuve qui passe

dans le calme, attiré par les brillances du lac,

contrastes avec le calme atavique des bois

et des escargots couverts de vert.

J'emporterai mes quatre doigts,

le cinquième en héritage

à ceux que j'estime chers miens

qui connaissent le silence que j’habite,

pour un amour éternel.

Parce qu'une ville qui prie, n'est pas un enfant épanoui

Ville-prière, ville de toutes les ombres, d'hier et de demain. Ville-tout. Ville-de-rien-du-tout. Ville qui pleure ses martyrs en fabriquant d'autres. Ville-crue. Ville-au-destin-recuit dans le soupir des cœurs en fermentation. Ville écrite au silence. Ville foirée. Ville à la silhouette diminuée. Ville assise sur ses genoux depuis que le soleil a renversé l’huile de palme.

Cette ville est fatiguée, allongée, comme un café, sur une carte postale dans la poche d'un vagabond de touriste. Cette ville, il faut le dire, est fatiguée, seigneur, et ses pleurs fertilisent la misère de ses travailleurs. Elle se confond à eux, étendue entre grogne et silence. Grogne qui prévient d'un AVC. Silence qui précède la chute de la ville dans les abîmes de l’arbitraire. Ville ceinte d'interminables arrhements sur le sable à vendre, de saveurs de champagne téléchargées sur les visages grincheux de la république. Cette ville est très fatiguée, seigneur, étendue entre un boulevard d'illusion et une prière rafistolée de ses hommes devenus des silhouettes dociles sous le vent.

Une ville qui prie n'a pas d'oreilles.

Elle crie, prie. Prie et crie.

Pas d'oreilles.

Pas de voix, rongée par les cris.

Parce qu'une ville qui prie, n'est pas un enfant épanoui.

Cette ville vaut-elle mieux qu'un silence

qui précède la chute des murs aux allures impénitentes ?

Tu me reviendras, Cher Poète.

Cette ville est une patience qui veille sur ses rêves. Et lorsque, poète, tu pars loin d'elle, elle sait t'habiter de sa chaleur de ville partout où le ciel peut être bleu.

Partout où les rêves survivent sur le front de la nuit.

Au-delà des frontières du paisible où la neige discipline ton corps et façonne ta manière d’être autrement ou d’être absolument. Cette ville te redresse comme un rêve sûr, comme pour te dire :

J'ai mille et une manières de veiller sur toi, Cher Poète, de te laisser partir jusqu'aux frontières de la vie car je sais que tu me reviendras soit en chair, soit en rêve, soit en mots.

Car je suis une ville,

un sourire à portée de rêves.

Le mot qui fait le chemin avec toi sur les frontières

de l'espérance. Je suis une attente pressée sur le sentier du soleil.

Tes mots sont des bulles qui partent avec un morceau de moi

et reviennent comme des averses distraites

qui sifflent dans les filaos, Cher Poète.

Nous sommes de ce qui fait monde ici et ailleurs.

Et moi ville, je marche sans doubler les pas

qui me séparent de la mort, ou qui mènent

à la précision entre les deux syllabes de mon nom,

là où tu me refais femme, belle et immortelle.

Les poètes sont de parfaits aimants

Et toi Cher Poète, le dessin qu'ils habitent ;

comme moi dans tes mots reliques mieux que dans tes bras au plaisir infini. Je suis une ville qui t'invite, de mots comme de chair, dans mes obsessions. C'est curieux doux lorsque je viens à toi et toi tu t'en vas écrire le soleil dans la neige faucheuse/faiseuse de joie.

Tu me reviendras c'est certain, comme des larves remuer le fond de mes désirs. Je suis une ville assise comme une lumière au bord de mes boulevards ;

Tu reviendras marcher sur mes boulevards et ton sourire ira réchauffer mes souhaits de te porter dans la peau, d'être les mots qui font frémir le cœur de tes lectures des nuits à la suite.

Publication 018 - Mars 2024

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