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Frères inconnus
Sous la nuit noire je pense à vous
Qui êtes comme moi réduits à manger
L'ennui des soirs où rien du tout
Ne bouge ne crie dans vos mansardes de damnés
Sous cette nuit nos voyageons
Les rêves crèvent nos quatre murs compagnons
Et la misère alors est illusion
Chantons en choeur : étoiles nos arrivons
Sous la nuit l'usure de nos coeurs n'est plus
Quand je dors messieurs je ne ris plus
Car alors je vis comme un homme et vous aussi
Mes frères inconnus de là-bas et d'ici
Noire est la nuit qui nous assemble
Longs sont les sentiers qui mènent à l'ombre
Où chacun de nous cherche à apaiser
La peau brûlée des années braisées
Le sommeil noir nous suffit
Demain dès l'aube je retournerai au caveau
Et verrai encore le temps d'un jour la mort comme un mot
Qu'on se redit et qu'on scande pour un lot pourri
La mort justement a marqué nos prunelles
Frères regardez vos cernes
Moi je sais quand je la vis
La première fois j'ai cru marchander pour rêver et pis
La mort a marqué mes peines
Quand un jour je me suis dit
Ce soir mon coeur s'arrêtera et je lève
Mon verre à qui ne se l'est pas dit
Ce jour où un cadavre m'apprit
Que l'âge a ses siècles mais le hasard ses prix
Le corps verdit blanchit et les sangs s'en vont
Aux quatre vents et le visage rit comme un enfant
Les lèvres bleues effacent l'adieu
Que le regretté vous a fait mais mieux
Le corps du mort est rempli d'eau
Comme une cruche qui glace les babines et les dieux
Un mort est un gage
Que la vie et l'âge
S'exigent l'un de l'autre
Comme une tempête d'un orage
Mes frères nous savons cela
Nous qui étions au premier rang de l'au-delà
Mes frères nous connaissons bien l'air
Que chantent les oiseaux sur les stèles et l'horreur
La musique des pas qui portent les tas
De chair horreur Qui les portent au trépas
Me revient comme une onde un souvenir une seconde
Passée à remuer la drôle de peine qui gronde
En mon coeur toutes vos morts chantent
En rythme ce qu'est un conte
D'automne où fleurissent les hontes
C'est un enterrement et les cimetières nous racontent
Comment dévoilées par la tristesse
Des centaines de voix baissent
Et l'orgueil refait son nid les rivières repassent sous les arches
La poussière couvre les mines endeuillées des marches
Nous savons les misérables peines
Les larmes vieilles servies à l'encan
Nous connaissons bien ces sourires d'hyènes
Quand les témoins se retirent et les goupils se lorgnent tant
Mes frères inconnus sous la nuit
Demain le jour viendra et gris
Chaud mais pour nous rien ne sera permis
Je crains qu'on doive fermer les yeux d'ennui
Frères inconnus c'est la nuit qui nous assemble
Frères regardez comme moi les étoiles qui tremblent
Dans le ciel noir comme nos âmes de forçats
Regardez-les et rêvez que d'autres sont comme ça
Ils ne peuvent rien pour eux-mêmes mais sur d'autres comptent
Pour leur dire ce qui en leurs coeurs remonte
Du passé et des cieux et d'une grosse voix qui entonne
La triste mélopée d'une destinée morne
Regardez les étoiles vous verrez vos peines qui luisent
Vos rires brillent vos larmes abreuvent la nuit qui s'épuise
Voilà la pluie qui tombe vos âmes sont des plumes
La mienne est en cendres mais vous salue amertumes
Mes frères inconnus par-delà la mort et les monts
De peine qui s'élèvent quand nos rêvons
Par-delà les cieux noirs et les yeux de boue
Je vous adresse mes gazouillements voyez ma proue
Le navire n'est pas fameux
Je sais qu'il y a mieux
Mais montez toujours
Nous irons voir le jour
Il nous dira notre fait
Et on l'appellera sans doute à danser
Savez-vous que je vous aime
Savez-vous que... Dieu est une naine.

Publication 018 - Mars 2024

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