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1. Jadis, au clair de lune

 

 

Jadis, au clair de lune, après l’initiation, 

Chantaient et dansaient des pucelles ;

Des filles pubères, au teint basané.

Leurs chansons étaient langoureuses,

Et leur danse, magnétique,

Au clair de lune.

Elles étaient sublimes, les filles de Bena Ndaya.

Leurs corps, lestes, et leurs pieds, agiles.

Elles se déhanchaient, et flottaient,  

Et semblaient défier la pesanteur,

Sous un ciel clair et sans ride,

Au clair de lune.

Leur mélopée était nostalgique, 

 Leur danse, magnifique,

 Leurs voix, magnétiques,

Au village de Bena Ndaya

Blotti au creux du vallon,

Au clair de lune.

Elles dandinaient et se trémoussaient,

Et glissaient jusqu’à terre.

Leur rythme était cadencé,

Dans leur candeur juvénile,

Les filles de Bena Ndaya ;

Au clair de lune.

 

Elles psalmodiaient le « Tshimbemba »,

Une Complainte alanguissante,

Une ronde mimétique,

Sur un air pathétique,

Les « naïades » de Bena Ndaya, 

Au clair de lune.

Elles dansottaient et se mouvaient.

Mélodieuses, étaient leurs voix,

Élastiques, leurs hanches,

 Magnétiques, leurs pas,

Et plastiques, leurs jambes,

Au clair de lune.

Languides elles étaient, les filles de Bena Ndaya.

Dans leur candeur, et leur ingénuité.

Mélancoliques, étaient leurs chants,

Magnétique, leur rythme, 

Plastiques, leurs poitrails,

Au clair de lune.

Envoûtantes étaient leurs mélopées, 

Et gracieuse, leur valse.

Agaçantes, leurs poitrines, 

Énigmatiques, leurs regards.

Les filles de Bena Ndaya,

Jadis, au clair de lune.

 

 

2. Le paradis perdu

 

 

Il était une fois, entre les collines ondulantes,

Un village serein, aux plaines verdoyantes,

Piquées de baobabs centenaires, au sombre feuillage,

Pour lesquelles des pèlerins, faisaient de longs voyages.

L’air éthéré faisait planer, et le mystère et la magie.

Nos dieux et nos ataves, étaient en parfaite harmonie.

Et tous les êtres et toutes les choses, vivaient en symbiose.

Et les journées étaient ponctuées de fêtes grandioses.

Nos bisaïeux ignoraient, et l’hiver et la froidure.

Chaque saison était utile, et propice aux boutures.

Le firmament paraissait d’une ineffable clémence,

Et maintes cérémonies donnaient prétexte aux jouissances.

Sur les cours se dressaient, des pieux sacrés et des totems,

Objets de culte et en même temps des emblèmes.

Quand la nuit la lune brillait, dans toute sa splendeur,

Les hommes et les femmes élevaient, en échos des clameurs.

Des formes douces et gravides, aux rondeurs suaves et mures,

Se baignaient en chantonnant, dans les eaux limpides et pures,

De ses claires fontaines, nombreuses et opalescentes,

Revigorant leur sensibilité de convalescentes.

Souvent on y entendait retentir, aux heures de midi,

De douces mélodies d’oisillons, dignes de Paradis.

Y faisaient échos, des chants des cigales aux ailes d’or ;

Et le bruissement des feuilles, et le son du cor.

La fertilité du sol, était gage à l’abondance,

Qui était réservée, à qui avait de l’endurance.

Ses profondeurs regorgeaient de pierres précieuses.

Que ne put exploiter, cette nation paresseuse.

Un jour ! Le jour fatidique, que la guerre arriva ;

Aussitôt sonna, pour cet olympien village, le glas.

Nos ondoyantes prairies, furent piégées de grenades,

La page était tournée, on n’entendra plus de sérénade.

Elle avait apporté avec elle, et sans compassion,

Des pleurs et des larmes, la mort et la désolation.

À nos fontaines désormais, on n’ira plus se baigner.

Car ceux qui nous protégeaient, sont loin de gagner.

Aujourd’hui ne voit-on pas, déguenillés, dans nos rues,

Des vagabonds, des sans foyers, et autres enfants de la rue ?

C’est la conséquence de la guerre, que nous amenèrent

Ceux — là que ni le sang, ni les larmes ne désaltèrent.

 

 

3. Les vagabondes de l’infortune

 

 

Elles erraient, masses informes, par les montagnes,

Traversant forêts, marais et campagnes.

Pieds nus, suant et saignant, elles avançaient,

Songeant aux demeures ravagées et aux proches égorgés.

De leurs villages incendiés, elles s’éloignaient ;

Fuyant les bourreaux, de sang et de sexe, assoiffés,

Portant nourrissons, pénates et haillons,

Telles des ombres, visages défigurés par des sillons.

D’un pas lourd et pesant, elles marchaient,

Le visage blême, les yeux hagards, la bouche sèche.

Par les champs, nuit et jour, elles se rendaient,

Vers des terres inconnues, dans d’imaginaires calèches,

 Des détonations meurtrières, elles se dérobaient,

Aspirant désespérément à la paix, et à la sécurité,

Notions illusoires, promesses mensongères.

Y a-t-il au-delà des frontières, une terre hospitalière ?

Qui pourrait accueillir, ces pèlerins de l’infortune ?

Que, de tout, l’adversité a ravi : terres, champs et fortune ?

Sur un vague terrain, enfin elles ont fait halte.

Des huttes de fortune s’élèvent, du sol de basalte.

De faim, de soif et de froid, les mioches crient.

Bienvenues aux dames diarrhée, et malaria.

Lançant au ciel des imprécations, les mères prient,

En attendant les humanitaires, qui s’occupent des parias !