Fantaisie
Cigarettes en lotus
Fumée bleue dans le clair de la nuit
Les silhouettes nocturnes et bavardes
De deux êtres se dessinent en cavale
Si je vois à travers tes yeux
Bleu océan
Éclatés, bords des cils brillants
Le désir facilement inflammable
Éteignons les lumières
Qu’aucun témoin ne scrute l’embrasement
Chut, tout se fait en dedans
En esprit, chut, écrase la cigarette
Sous les couvertures je me touche
Seule et fermée
Aux chemins malfaisants
Question au vent
Hé ! perdus déjà dans le ciel
les baisers furtifs du faune
au sourire courbe et aux yeux verts
Perdues au loin dans le vent
les promesses ramassées par terre
le couteau dans la poche
et la chair frémissante
Encore, plonger nos mains dans l’eau froide
brûler les étapes
le cœur bat la chamade
Hélas ! le temps languissant
laisse passer les rayons du soleil
à travers les feuillages ombrageant
nos sentiments
Quel dieu hébété change sa langue
et dévoile ses dents pointues
pour mordre nos chairs ?
Quelle douceur amère
les beaux jours ramènent
dans le fruit et le ver ?
Transformation
Dans les bois on se rencontre
Comme des spectres hébétés
Et lentement de nos gorges montent
Des grognements de loups
On a laissé tomber la lyre dans le lac gelé
On a marché à quatre pattes si longtemps
On ne se rappelle plus nos noms
Et dans les danses animales
Senteurs d’humus et souffles chauds
Les rites anciens des bacchanales
On a partagé les peaux et puis nos os
Bel Orphée, ta tête repose dans un coussin vert
Le fond du lac est hanté par les chimères
Et nos cordes vocales ne savent plus qu’hurler
L’ombre des arbres nous abrite
On est les enfants d’une terre noire
Nos idéaux se sont tus
Avec la voix du roi des poètes déchus