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Les enfants du chagrin
Quand le soleil reprend ses droits, nos parents se mettent à table.
Des parents plus âgés que ne le sont la plupart des grands-parents
Ces visages charnus, derrière leurs yeux malades et leur sourire blanc
Se dissimule la haine d’une contrée médiocre aux princes aveugles.
Leurs photos suspendues aux murs témoignent d’un printemps néanmoins gai.
Les mères, dans leurs airs de battantes sont dans une inquiétude perpétuelle.
Les frères ayant deviné l’affliction, ont allumé de tout bois le feu de l’aventure infernale
Ici, quoique douce et pure, l’atmosphère reste morose ; nous ne désirons aucune paix !
Nos aïeux ont fait des choses : ils ont réussi à faire vivre des morceaux de bois taillés
Ici, la foudre se manie comme un cheval sur les quatre coins de la volte,
L’homme devient un être capable dans un endroit pernicieux, d’une baguette offerte.
Nous vivons la vie que la nature nous prête, aucun arbre ne tombe quand nous voulons
Nos parents se retirent un jour et se dissipent dans le silence des souvenirs de nos rejetons ; 
D’épouvantables reptiles pendant aux vieux murs en pierre, divinement écaillés.

 

 

Six voyageurs
Enfoncés dans l’hiver et le noir, la terre est battue.
Les vieux murs autrefois recouverts de lourdes pièces,
Bariolés sous l’effet de la résine, inspirent peu de confiance.
La province rumine, calme est la rue.
Demain on y verra des écoliers en blanc, des mères gaies.
Et, deux grands hommes dans des tenues marron clair
Devant la municipalité fermée, se font une causerie discrète.
Enfin, le couloir qui révèle des destins dans un garage obsolète.
C’est alors qu’apparurent des ustensiles crasseux.
A même le sol dégradé, trois lits poussiéreux
Le lavabo déboulonné fonctionne encore.
La toilette qui brise les dernières résistances de la dignité
Le ton monte, le rire éclate, la moquerie s’en suit, dans la tranquillité
Quand de simples légumes donnent leurs vies pour six voyageurs sombres.

 

 

A l’aéroport
L’aéroport est vaste, j’ai eu l’occasion de le parcourir.
Une génération après, identique demeurera le souvenir
Tout est là, ah ! et ces voix répétitives à bonne fréquence.
Je badine avec des douaniers qui apprécient mon intelligence.
Je me suis lié d’amitié avec un agent de propreté très amusant
Il me rend quelques petits services contre un peu d’argent.
Je partage mon temps auprès de divers groupes de voyageurs
A chacun son histoire, à chacun son malheur, tristes menteurs !
Le monsieur en provenance de la Syrie est assez bavard
Suspecté pour criminalité, un géant Malien attend d’être rapatrié.
Cette Sénégalaise qui se livre à de vilaines plaintes contre un douanier,
Ce groupe de Marocains expulsés de la Grèce en pleine nuit m’intrigue.
Jan est un Allemand bandit ! Il étale un zèle aveugle pour Hamburg
Fleurant comme baume, ces âmes bercent mes nuits, lorsque mon cœur a l’air cafard.