L’amandier
En haut de la colline
Est une bergerie.
Une vieille glycine
S’entortille depuis
Tant d’années à tenir
Ses pierres fatiguées.
Sous le gros amandier
On peut la voir sourire
Les cheveux ruisselants
Sur son visage confiant,
Pour le rêve insouciant
De son prince charmant.
Elle avait bu cette eau
D’un puits béni des cieux
Et elle ferme les yeux.
Les gouttes sur sa peau
Semblent une parure :
Simplicité si pure…
Rien ne viendra troubler
La paix de son sommeil,
Ni cet oiseau qui veille
Chantant l’éternité,
Ni la brise tranquille
Doucement parfumée…
Elle reste immobile
Son corps semble si froid
Mais son cœur ne le sait pas…
Ouvrir un livre…
J’ai ouvert ce livre poussiéreux…
Combien semblait-il mystérieux
Posé au coin de l’étagère…
La tentation était légère
Audacieuse, délicieuse,
D’y succomber, j’étais radieuse !...
Hissée sur la pointe des pieds
J’ai pu enfin l’attraper !
Devais-je l’ouvrir ou pas ?
Quelle histoire s’écrivait là ?
Assise à la lueur du jour
Il n’y avait plus rien alentour,
Je n’osais l’ouvrir encore
Pourtant mon cœur battait très fort…
Et puis les pages se sont ouvertes
Une à une, elles se sont tournées
Je les ai lues doucement, certes
Mais n’étaient pas numérotées…
Le hasard n’y a pas sa place
Et chaque ligne suit ta trace :
Ton histoire appartient au livre
Ou bien le livre à ton histoire…
Toujours est-il que dans le soir
Je fermais doucement ce livre
Comme on ferme délicatement
La porte derrière laquelle l’enfant
S’endort les poings ouverts, souriant…
Elle erre
Elle erre dans la ville
Souriante et tranquille,
Ses pas l’entraînent là
Légère elle s’en va
Vers ce jour, vers cette heure,
Où poindra le bonheur…
Elle traverse la vie
Et la vie la poursuit,
Tout bruit s’évanouit
Elle s’arrête et s’écrit…
Elle rit et écrit
Décrit ce qui l’éprit
En traversant la nuit
Juste… tu lui as souri…