Né en banlieue parisienne, Thomas passe une enfance relativement bucolique auprès de ses quatre sœurs. C'est à l'adolescence, et pour des raisons toujours confuses, qu'il devient complètement instable. Il enchaîne alors les échecs scolaires, se fait exclure des établissements et accumule les petits boulots. Menant une vie dissolue, faite de soirée à n'en plus se souvenir, il trouvera une certaine stabilité auprès de l'assistance publique des hôpitaux de Paris. Il y œuvre désormais depuis plus de dix ans en tant qu'ouvrier de maintenance. Parallèlement, la littérature joua un grand rôle dans son apaisement. Il puisa chez Malcolm Lowry, Rimbaud, Baudelaire, Edgar Allan Poe, John Le Carré, Fred Vargas et bien d'autres, une matière inépuisable faite de fictions de rêveries, de fantasmes et de poésie. C'est un lendemain de fête, avec une sérieuse gueule de bois et le moral dans les souliers qu'il écrira « Déprime à bord » dont voici une courte narration :« Thomas finira consciencieusement son premier texte poétique, remodelé au fil des jours, en gardant toujours en tête cette plaie béante, cette opération douloureuse, nécessaire et chirurgicale, d'où jaillit l'écriture. Il sait désormais qu'il doit cohabiter avec quelque chose de plus profond que ce qu'il est devenu. Il faudra réconcilier deux parties de lui-même, l'une désabusée, abîmée et nulle... Et l'autre, au fond du placard, douée d'une infatigable rage de vivre. Si l'imaginaire était conté, s'il pouvait panser l'esprit, comme on lit une histoire au chevet de son enfant malade, alors c'est tout cuit, il fera profession de foi... écrivain et puis c'est tout. Mais rien n'est jamais gagné d'avance, surtout avec lui. Il aura grand besoin de patience, d'acquérir cette force tranquille que seule l'intelligence, dans son acception la plus douce, pourrait apporter. »