Il est né dans le Jura, en haut d’une montagne où les enfants ont le droit de boire du vin rouge, pendant l’hiver de 1998. A six ans il écrit sa première nouvelle, tout seul comme un grand sur l’ordinateur de maman, et à huit ans il confectionne seul sa première tenue, découpée dans de vieilles chemises du beau-père.
Il tombe amoureux d’un garçon pour la première fois alors qu’il à dix ans. Un détail, sûrement. On ne se souvient de son premier amour que parce qu’une loi tacite nous oblige à ne pas l’oublier. Pour lui c’est surtout le point de départ d’une vie passée à ne plus rentrer dans le moule, ni dans la norme, ni dans les clous, ni nulle part, finalement.
Aujourd’hui, il est encore assez jeune pour se permettre l’extravagance de ne pas répondre quand on lui demande son âge et, en somme, sa petite vie n’a été pour le moment qu’un bruyant enchaînement de premières fois. La première fois qu’il est mis à la porte par sa mère, à seize ans (elle était… un peu comme Falcoche), la première fois que son père imite sa mère (et l’abandonne dans la rue, quelque part en Auvergne). Sa première dépression. Sa première nuit dans la rue, sa première semaine, son premier mois. La première fois qu’il touche à la drogue. Sa première overdose… Son premier job dans la mode, son premier défilé, son premier roman, qu’il finit à dix-huit ans. Son premier appartement (dans Paris, s’il vous plaît !).
Son premier jour en fac de lettre, à vingt ans, après trois ans de déscolarisation.
La première fois que l’envie de vivre lui reprend, avec la même énergique surprise que celle des petits enfants, et la première fois qu’il décide de la suivre.
