Dossier Henri Cachau - Mars 2019 Ecrit par Henri Cachau

Catégorie: Interviews  /  Créé(e): 09.03.19 13:15:10  /  Modifié(e): 09.03.19 14:20:53

Questions du comité de lecture

Lucien n’est pas une figure rassurante mais grotesque. Il est intéressant de remarquer qu’avec le recul, il devienne une figure positive. Pourquoi ?

- Détestable il le devint une fois que l’enfant, et sont-ils perspicaces, rapidement jugent et interprètent les louches attitudes de leurs proches, comprit qu’il le dépossédait de l’amour voulu exclusif de sa mère. Bien plus tard, avec le recul des années, de réclusion notamment, le jeune homme, sa rancœur oubliée, n’en retiendra du belge que son intérêt pour le monde pictural de Cézanne, qui par ce biais-là lui ouvrit le champ de la Culture

Quel rôle joue l’absence du père dans le meurtre de l'amant de maman ?

- Les absents ont toujours tort ! Dans cette nouvelle l’absence du père est à peine suggérée, nous sommes en sortie de Guerre, on peut l’imaginer, vivant sous d’autres cieux, prisonnier, mort ? Les interprétations sont libres… Cela donne à comprendre que sa présence faisant défaut auprès de l’enfant, possessif au naturel, ce dernier s’attache doublement à sa mère, et cette possessivité poussée à l’extrême le conduira au crime : ainsi aura-t-il éliminé l’obstacle qui tôt ou tard le séparerait de sa génitrice...

Le suspens de votre nouvelle est savamment distillé et entretenu, comment travaillez-vous et quels écrivains de roman policier appréciez-vous particulièrement ?

- Sainte Victoire, fait partie d’un manuscrit consacré aux peintres et à la peinture, chacune des nouvelles (24) tourne autour du dit ‘pot de peinture. Si l’artiste ‘gentiment’ incriminé en demeure l’axe principal il se doit pour ‘survivre’ d’être accompagné d’un complémentaire, une opposition qui par contraste relèvera ses colorations, tant physiques que physiologiques.

Je suis un véritable autodidacte, je ne possède qu’un seul ‘certificat d’études’, je n’ai jamais suivi un cours quelconque ni peinture ni d’écriture, mes canevas de base se réfèrent à des épisodes de réalité que j’entremêle à de la fiction, la solidité apparente de mes sujets supportant alors un brin de torsion, tant dans la forme que sur le fond, donc j’utilise : contrastes et contrepoints souvent liés par des dialogues...

Si je peux me considérer un grand lecteur tout terrain, plus de cinquante titres par an, je ne suis pas un fan de polars, ils me paraissent calqués sur un même moule, et si le raisiné y coule à flot, manque une profondeur psychologique des personnages. Cependant je me plais à mon petit niveau de pondre des nouvelles du genre noir ! D’ailleurs un manuscrit cherche preneur, il s’intitule : Scrupules avariés ! Tout un programme...

Vous êtes vous-même peintre et sculpteur, que puisez-vous dans ces expressions artistiques que l'écriture ne vous apporte pas ?

- Une matérialité physique qui dans la littérature fait défaut, au-delà du poids des mots, celui que nous leur prêtons, une sensation charnelle incitant tous nos sens à la fête ; pour lui apporter couleurs et volumes les romans et nouvelles fréquemment passent par le théâtre ou le cinéma ; néanmoins libre au lecteur de justement se le faire son petit cinéma et de donner aux êtres et aux choses ce ‘volume’ revendiqué par Cézanne...

Qu'est-ce qui vous fascine particulièrement chez Cézanne ?

- Ses : robustesse et entêtement, qui sans leur apport il n’aurait jamais entrepris ce ‘via crucis’ le conduisant à devenir un peintre clef ! Il lui fallut vaincre de nombreuses résistances, morales et intellectuelles, et s’il y eut compensation tardivement il en cueillit les fruits amers...

Quelle(s) musique(s) accompagnerai(en)t le mieux vo(tre)s texte(s)?

  • Joyeuse marche de Chabrier.
  • Sonatine de Ravel
  • Solos de piano Martial Solal

Les questions de la Revue des Citoyens des Lettres et celles chipées à Proust et Pivot

Quel est votre principal défaut ?

- L’impatience, d’abord envers moi-même, mais aussi parfois envers mes proches ! Est-ce un péché mortel ?

 

Votre juron, gros mot ou blasphème favori ?

- Oh putain de Dieu ! Bordel de merde ! Ou le plus fréquemment : mais quel con je fais, quel con !

 

Quels sont les mots de la langue française que vous préférez et pourquoi ?

- Liberté, égalité, fraternité, car derrière eux ils véhiculent de la poésie, de la philosophie, et de la philanthropie… de quoi alimenter le monde de la littérature et des arts en général, dommage que la politique s’en soit emparé !...

 

Pourquoi écrivez-vous ?

- Pour me raconter des histoires auxquelles je dois réagir sinon j’abandonne, par contre si convaincantes et donc transposables je poursuis… Ce challenge je le mène envers moi-même, plus l’exigence sera élevée et le résultat satisfaisant, plus je me découvrirai dans ces écrits, quitte par la suite d’en faire de la littérature afin de la diffuser et partager... St Victoire fut débutée en 1995, après de nombreuses reprises je l’ai jugé terminée en 2016 ! Actuellement je suis proche des 300 nouvelles !

 

Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ?

- Pas mal mon gars, pas mal tu t’es bien démerdé. Tu as réussi à échapper à ce terrible diktat ; d’à son insu devenir un être téléguidé, chapeau l’artiste !