Dossier Estelle Decamps - Juin 2018 Ecrit par Estelle Decamps

Catégorie: Interviews  /  Créé(e): 17.06.18 17:49:13  /  Modifié(e): 17.06.18 20:28:08

Interview

Est-ce que les « ils » du poème « Intramuros » pourraient désigner la presse people ?

Chacun est libre d’interpréter mes écrits selon son imagination, son ressenti et son vécu. Intramuros reste à ce jour, le poème le plus poignant que j’ai composé car il reflète ma propre histoire, au sein d’un village à la mentalité cinglante, qui m’a vu grandir. Quitter ses faubourgs fut une véritable délivrance car cela m’a permit de m’épanouir en tant qu’artiste et surtout, en tant que femme. 

Votre écriture semble nourrir un esprit idéaliste et rebelle. Est-ce le cas ? Au-delà, qu'est-ce qui vous motive à écrire ?

Chaque être humain est habité d’idéaux et, comme le dit l’adage, les goûts et les couleurs cela ne se discute pas. L’idéalisme est assez illusoire tout comme la notion de rêve. Comme la plupart des petites filles j’ai grandi avec une représentation idéale du prince charmant mais l’on déchante rapidement ! Il n’y a pas d’idéal, il n’y a que des complémentarités mais également des différences et, c’est ce qui fait tout le charme d’une histoire d’amour. Pour ce qui est de la rébellion, ce sont mes expériences de vie qui m’ont forgé ce trait de caractère piquant, que l’on peut ressentir au travers de la plupart de mes textes. L’écriture est mon ultime passion, un véritable exutoire dans le but de panser mes blessures, libérer mes colères, figer mes souvenirs et déclarer mes amours. J’écris mes larmes, mes rires, mes désirs, mes joies. Le plus important à mes yeux est que les lecteurs ressentent mes émotions. 

Est-ce que le « chevalier » du poème "Le chevalier de la solitaire" existe en tant qu’archétype propre à toutes les cultures ?

Oui et non. Ce texte est à mi-chemin entre la réalité et le surréalisme, d’où le titre assez évocateur. L’époque des chevaliers, des princesses qui attendent impatiemment dans leurs tours, quelle petite fille ne fut pas fascinée par cette représentation idéale du grand amour. Ce poème est une féerie de ce que j’ai toujours désiré au fond de moi, la réalité est beaucoup plus boiteuse. Je pense que quelle que soit notre culture, nous avons notre propre image et attente de l’amour, qui évolue ou non, avec le temps et les expériences. 

Peut-on parler d’influence cinématographique dans votre poème "La spirale des sentiments" ?

J’affectionne particulièrement le cinéma mais je ne me suis inspirée d’aucune œuvre visuelle pour la spirale des sentiments. Si j’avais du choisir un film pour m’en inspirer cela aurait été « Lolita » d’Adrian Lyne ou « En cas de malheur » avec le grand Jean Gabin et la sublime Brigitte Bardot. Deux chefs d’œuvres dont la finalité est fatale. Si je devais réaliser un scénario de ce poème, ce serait l’histoire d’un amour sombre et passionnel à l’issue dramatique, tout comme le fut ma relation. 

 

Quelle(s) musique(s) accompagnerai(en)t le mieux vo(tre)s texte(s)?

Cette question est absolument exceptionnelle car bien souvent, la musique m’inspire pour écrire ma poésie. En général, c’est le rythme et la mélodie de la chanson qui m’aide dans la création, hormis pour mon texte « Le chevalier de la solitaire », dont les vers furent purement inspirés grâce aux paroles de « La bourrée du célibataire » du talentueux Jacques Brel. Pour « la spirale des sentiments », j’entends le titre « les moulins de mon cœur » de Michel Legrand. Et enfin, pour « Intramuros » une chanson telle que « Comme ils disent » de Charles Aznavour ou « Secret Life » de Soft Cell, mon groupe fétiche des années 80’s. Chanson évocatrice de mon passé et, dont les paroles sont révolutionnaires. 

  

Questionnaire de Proust

Dans quel pays désireriez-vous vivre ?

Si j’avais l’opportunité de tout plaquer pour vivre sur un autre continent, mon choix se porterait probablement vers l’Angleterre, plus particulièrement Londres car elle reste à mes yeux, la ville de la mixité par excellence. Je suis attirée par sa richesse culturelle, artistique mais aussi son ouverture d’esprit car dans ses ruelles, on y croise toutes sortes de styles vestimentaires atypiques, une liberté d’expression sans retenue. La Bretagne m’attire également, pour ses légendes, sa verdure, ses spécialités culinaires, sa culture musicale et ses paysages bucoliques. 

Quelles sont vos héroïnes dans la vie réelle ?

Toutes les femmes qui se sont battues pour nos droits et qui continuent à ce jour. Pour ma part, le terme d’héroïne est arrogant car qui peut se permettre de clamer d’avoir réellement changé le monde dans toute sa complexité… 

Quel est le principal trait de votre caractère ?

L’audace. La prise de risques et le changement sont mes moteurs. La routine et le conformisme restent mes pires ennemis. 

Quel est votre rêve de bonheur ?

Selon moi, la notion de bonheur n’existe pas, je le perçois comme un état qui ne dure pas dans le temps. Le quotidien est parsemé de petites joies qu’il faut cueillir avec simplicité. On ne fige pas le bonheur, il se consomme dans l’instant présent. Quant au rêve, cela relève du fantasme, une représentation idéale de ce que l’on désire. Mon souhait le plus cher serait que toutes les inégalités de la terre soient bannies, quelque soit notre ethnie, notre religion, notre orientation sexuelle et notre métier. Un monde de partage, de sécurité et d’aisance pour tous, voilà mon rêve de bonheur.

Que détestez-vous par-dessus tout ?

La bêtise et la prétention et souvent, l’un ne va pas sans l’autre ! Mais ce qui me répugne par-dessus tout, c’est la jalousie qui mène bien souvent à la méchanceté, car elle provient d’un gros manque de confiance envers soi-même et, la personne habitée par ce sentiment rejette ses propres souffrances sur autrui, par frustration.