Dossier Claire Briet - Juin 2017 Ecrit par Claire Briet

Catégorie: Interviews  /  Créé(e): 04.06.17 20:19:24  /  Modifié(e): 09.06.17 12:55:02

Interview

Est-ce que cette intrigue fait partie d’un projet plus long du genre roman ou série ?

Cette intrigue ne fait pas partie intégrante d’un plus long projet, elle constitue plus un interlude dans l’écriture d’une série de roman de héroic fantasy dont le premier tome est sorti au début du mois de mai 2017. Par la suite, en découvrant que j’avais un goût prononcé pour les intrigues policières, j’ai rédigé deux romans policiers regroupant une même équipe de personnages principaux. Le style est proche de celui de ma nouvelle, même s’il tient plus du comique caricatural que du véritable sérieux.

N’écrivez-vous que des polars ? Si non, dans quels autres genres vous exercez-vous ? 

Pour mes premières tentatives, je me suis adonnée essentiellement au héroic fantasy. Avec les années, je me suis reconvertie dans les polars sérieux ou non, ainsi que dans les nouvelles en tous genres ( fantastiques, science-fiction… ).  Mon objectif serait également de travailler sur des scénarios destinés au cinéma.

Qu’est-ce qui vous a inspiré le personnage de M. David  ?

Parmi toutes les références policières que je peux avoir, je pense que M. David est le parfait compromis entre un homme de routine comme on peut en croiser dans la rue, et le héros de l’écrivain Léo Malet, Nestor Burma, homme blasé par ce qu’il voit tous les jours, des gens fous dans des situations plus folles encore. J’ai jugé adéquate de placer ce personnage dans la ville de Paris, en référence à celui qui me l’a inspiré. Pour moi, M.David, c’est l’homme type de notre société actuelle. Il voit jour après jour plus d’horreurs dans son métier ( ce qui peut faire écho aux médias pour nous ), et ne réagit que platement, si tant est qu’il réagisse. Il s’en détache, il ignore la détresse. Quand enfin il ouvre les yeux sur la réalité, alors la situation devient incompréhensible, un peu comme le monde peut l’être aujourd’hui. 

Vous renversez les codes du polar puisque l’enquête ne commence pas par une mort, mais par le retour d’une morte. N’est-ce pas la possibilité d’aboutissement de l’enquête qui est rendue impossible par le surgissement du surnaturel ? 

Le surgissement du surnaturel permet en effet une chute suscitant le doute. Jamais cette nouvelle ne trouvera de fin logique, à l’instar de certains événements que nous vivons. Je laisse aux lecteurs le plaisir d’imaginer, d’envisager… Après tout, la vie est ainsi faite. A chacun ses choix, à chacun ses idées… 

Au vu de ce qui précède, quelle serait donc la fonction du polar, si ce n’est pas de trouver la vérité et de rendre la justice possible ?

Le polar selon les lecteurs peut prendre plusieurs sens. En effet, rendre la justice est un moteur omniprésent, même classique, et presque indispensable. Malgré cela, il n’est pas l’unique but des écrits policiers. Susciter le doute, le frisson, remettre en questions ses valeurs morales, sa relation à l’autre, sa place dans la société, tout cela autour du thème sensible qu’est la mort est pour moi amplement suffisant. En fin de compte, la vérité et la justice ne sont jamais qu’une fin possible, là où il y en a des centaines d’autres. Elles ne sont peut-être pas celles que l’on recherche, celles qui révèlent une fin heureuse… Parfois elle dévoile la vérité du quotidien tel que nos compatriotes policiers peuvent voir, comme un innocent condamné, un coupable relâché… Parfois, on ne peut jamais comprendre ce qu’il s’est réellement produit… Un polar ne peut pas ignorer le champ des possibilités. Le monde qui nous entoure et notre imagination n’ont pas d’œillères, nos écrits ne doivent pas en avoir davantage.

Quelle(s) musique(s) accompagnerai(en)t le mieux vo(tre)s texte(s)?

Ending du film Oblivion - M83

Jakob’s Bakery, du film Les animaux fantastiques – James Newton Howards

Nuit sur le mont chauve – Modeste Moussorgski

Questionnaire de Proust

Quels sont vos héros de fiction préférés ?

Pour rester dans le style du polar, je choisirais Nestor Burma, de Léo Malet, pour son sarcasme, son côté borderline, son détachement des situations les plus difficiles. C’est un héros complexe et très attachant, amusant et fascinant tant il est assimilé au commun des mortels, lui pourtant si unique en son genre. Dans un style plus fantaisiste, Dame Polgara, principal personnage féminin de la série la Belgariade de David Eddings. C’est une femme forte, froide, distante et pourtant maternelle et très sensible, même si elle s’en cache. Il s’agit là pour moi du héros indispensable du héroic fantasy pour défendre le sexe féminin bien trop souvent négligé dans ce style. Pour finir sur un registre plus vaste que le roman lui-même, je mettrais en valeur le théâtre et une pièce de Yasmina Reza : Art. Dans son œuvre, elle a construit un personnage qui pour moi est fascinant, il s’agit d’Yvan, un homme tiraillé par tous ceux qui l’entourent, que ce soit ses amis ou sa famille. L’auteure de la pièce lui a consacré une tirade qui le représente parfaitement dans son aveuglement face à la situation. Par la suite il ouvre les yeux, ce qui pourtant semblait inespéré, et c’est là pour moi un véritable « héros » de fiction. 

Comment aimeriez-vous mourir ?

Je ne prétends pas à l’originalité concernant cette question. Je souhaite la mort la plus douce et la plus tardive possible, calmement, dans mon sommeil, si possible sans laisser derrière moi des proches désespérément éplorés. 

Quelle fleur aimez-vous ?

J’ai un faible pour les fleurs de cosmos, ne serait-ce que pour leur nom. Elles renferment un cœur lumineux entouré de pétales tous différents selon les variétés, ce qui m’inspire beaucoup quand on la compare à l’être humain lui-même. 

Qu'appréciez-vous le plus chez vos amis ?

Chez mes amis, ce que je chérie le plus, c’est l’humour. Qu’il soit naïf, morbide, pince-sans-rire, enfantin… c’est là le meilleur symbole de l’amitié puisqu’un rire ou un sourire, quoi qu’on puisse en dire, ça ne s’invente pas. 

Qui sont vos auteurs favoris en prose ?

Dans le genre du polar, Agatha Christie tient pour moi la palme. En ce qui concerne le héroic fantasy, j’affectionne particulièrement Glen Cook, David Eddings et Robin Hobb. Dans un registre beaucoup plus classique, j’aime beaucoup la plume de Victor Hugo et d’Albert Camus.