Dossier Etchri Lucky - Septembre 2017 Ecrit par Etchri Lucky

Catégorie: Interviews  /  Créé(e): 11.09.17 20:54:35  /  Modifié(e): 11.09.17 20:59:50

Interview

Dans votre nouvelle la rumeur anesthésie le jugement de la narratrice au point de la pousser à empoisonner son mari sans explication préalable avec lui. La rumeur a-t-elle le poids de l’évidence ?

Les rumeurs enfantent souvent une évidence aux âmes convoyées par la tyrannie du doute et l’injonction importune de l’impatience. Il y a eu les rumeurs portées par sa meilleure amie, unies aux bruits diffus qui parcouraient le quartier. Loin de moi l’idée de l’accepter, je me prends juste à comprendre cette femme ; les billets n’étaient qu’une goutte de trop, laquelle goutte arrosa ce doute –pourtant robuste–, que se refusait d’admettre la narratrice.

Le passage si rapide au crime de la narratrice ne trahit-il pas une faiblesse psychologique de celle-ci ?

La ligne entre la normalité et l’anormalité est tellement ténue que les Êtres humains s’apparentent tous à des éclopés émotionnels qui s’ignorent, lesquels trainent leur carcasse entre le sourire et les doutes de la vie. Certains sont juste davantage faillibles que d’autres. La vérité est que nous sommes tous des impotents affectifs à quelque part. Le danger, était que la femme avait fait l’erreur de croire qu’elle pouvait gérer au mieux ces rumeurs qui, de leur côté, incognito tissaient le mal le long de sa personne. Le crime n’était qu’en apparence rapide, mais il s’échafaudait chez cette grande éclopée émotionnelle depuis bien longtemps.

Le choix de l’arme du crime en dit souvent long sur le criminel. Dans votre nouvelle c’est le poison. Doit-on y avoir une quelconque lâcheté de la femme ?

Elle voulait en finir au plus vite, de peur de ne pas avoir à affronter le regard éploré de son mari. De la lâcheté, oui. Mais de l’amour aussi.

On croit décéler dans votre nouvelle un manque de communication dans ce couple qui s’aime pourtant. Est-ce la raison de ce malentendu qui va conduire à l’assassinat du mari ?

Je dirai sans ambages, oui. Partout où la communication s’est égarée, les larmes sont passées en sifflotant aussi fort que tous l’ont remarqué. L’on ne pourra jamais refuser à l’homme d’être épris de surprise, mais l’on pourra tout reprocher à celui agit sur un coup de tête, au détour d’une émotion hésitante.

Le final de votre nouvelle donne un point de vue sur le rapport que nous devons entretenir avec la rumeur. Pouvez-vous l’expliciter ?

Il ne faut croire aux rumeurs qu’après avoir vu et entendu ce dont on vous abreuve sans preuve. Personne n’est à l’abri de l’impertinence d’une rumeur, certes. Mais tout le monde a le choix de l’envoyer dinguer quand elle demande hospitalité. Celui qui décide de faire confiance à une quelconque rumeur doit d’abord en parler aux protagonistes de l’affaire… Au détour de cette mésaventure, il y a lieu de dire qu’il est interdit de gérer une rumeur. Il faut toujours l’abattre sans autre forme de procès. J’aimerais finir avec Saint Vincent de Paul en disant ceci : « Le bruit ne fait pas du bien, et le bien ne fait pas de bruit. »

  

Quelle(s) musique(s) accompagnerai(en)t le mieux vo(tre)s texte(s) ?

Les Symphonies de Ludwig Van Bethoveen.

Questionnaire de Proust

Quel est votre état d’esprit actuel ?

Mon âme a soif de la plénitude de l’Esprit, rien de plus, rien de moins.

Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ?

Celles qu’on ne peut éviter.

Quelle est votre principale caractéristique ?

Je reste un éternel enfant qui refuse obstinément de grandir.

Qu'appréciez-vous le plus chez vos amis ?

L’honnêteté.

Quel serait votre plus grand bonheur ?

Sauver les bonheurs qui se noient pour mieux compter le sourire du monde sur les cuisses des Cieux.