Orpheline de guerre
je l’ai vue
elle, adolescente sans jeunesse
diminuée par la peur
l’oubliée
effacée
plus petite qu’une fourmi
aux yeux du monde
je l’ai vue sans abris
sans famille
affamée
mendiante
petite voleuse à regret
je l’ai vue la douleur l’embrassait
la traumatisait
la nuit tombait sans cesse sur ses jours
sa tristesse m’a hanté
je l’ai vue j’ai passé des heures
à dire l’amour à la vie
à peindre l’humanisme
à dessiner le soleil dans sa vie
ô ma sœur - princesse
fille vendue
à l’errance
au travail des enfants
aux prédateurs de sexe
par la guerre
par l’absence
je l’ai vue ma petite sœur chérie
frère et sœur dispersés par les canons
on se reconnaissait
on pleurait
nos âmes se souriaient
Monde sans orphelin
Je rêve d’un monde sans orphelin
Je l’imagine sans cesse
Une maternité sans frontières
Et une paternité sans frontières
Pour un monde sans orphelin
L’enfant
Enfant de tout le monde
Enfant de toutes les mères
Enfant de tous les pères
Maternellement
Paternellement
Et chaleureusement
L’enfance
Dans l’unité des enfants
L’enfant Tout-Enfant
La maternité
Dans l’unité des mères
La mère Toute-Mère
La paternité
Dans l’unité des pères
Le père Tout-Père
Enfant Tout-Enfant
Enfant de la mère Toute-Mère
Et du père Tout-Père
Enfant au sourire prolifique
Dans la famille panoramique
L’orpheline d’absence
assise dans le lit d’un fantasme
elle frise
les cheveux de son malheur
tresse des rêves en nattes
de souvenirs et de cendres
chaque jour qui passe
elle traverse mille nuits d’amertume
elle allume les larmes comme des bougies
pour éclairer sa douleur
l’absence est une plaie béante
qu’elle panse indéfiniment
et la solitude l’a ouvert ses portes
au premier soir de l’errance
dans ses yeux aux couleurs du monde
est peinte une nostalgie sombre
qu’elle grise de ses larmes chaudes
d’espérances inespérées
l’horloge de son chevet bat
avec son cœur
le tam-tam de l’innocence
malgré la teneur de l’orage
elle garde les yeux rivés sur l’avenir
se perd presque dans les nuages
à force d’imiter les colombes
son bonheur apparaît plus loin que le ciel
elle retient son souffle pour dire
l’amour à l’inconnu
une voix imaginaire vient lui offrir
des rameaux de paix